10 Avril 2012
Article pour Lucette
Entre la chute de l'ancien pont, frappé de mort par les projets de 1788 et exécuté vers 1830, et l'ouverture du pont actuel, effectué en 1845, une passerelle en bois jetée sur l-arrière-port fit longtemps le service de communication entre les deux
rives, nous dirons presque entre les deux peuples ; car, bien que séparés par un bras d'eau en apparence insignifiant, Dieppe et le Pollet représentent deux civilisations parfaitement distinctes.
Du reste, nous n'avons pas besoin de vous avertir quand une fois vous aurez franchi l'îlot de terre placé entre le Bassin neuf et l'Ecluse de chasse de la Retenue, vous sentirez très bien vous-même quo vous êtes dans un autre pays et que vous respirez un autre air Ici les maisons sont on bois, basses, petites, sombres et écrasées ; les rues sont tortueuses et sales ; l'horizon est borné; la circulation est gêné et l'air est étouffé.
Comme la mer fait la vie des polletais, presque toutes les maisons portent les marques de la profession. Partout ce sont dés mannes, des cordes et des filets De chaque fenêtre jaillissent des bras de fer destinés à soutenir des perches oh l'on fait sécher ces bienheureux filets, fortune et vie de ces pauvres gons, plus souvent sur mer quo sur terre. La barque de pêche est là véritable maison du Polletais, et sa vie entière se passe sur les eaux. Le quai est l'atelier comme le salon des femmes. Cette population grouille et remue sans cesse sur la plage comme dans les rues, Le Polletais est un vrai loup de mer. Dans sa vie, dans ses. mœurs, dans ses idées il se ressent du dur élément et des rochers au milieu desquels s'écoule son existence
Du reste, le Polletais est religieux et croyant, et c'est là, après la Yie de famille, ce qui le rattache le plus à la civilisation L'église et le calvaire sont les doux pôles de son existence laborieuse et agitée. Lo foyer lui-même est placé sous la protection de la religion, et vous remarquerez sur plusieurs maisons des images do la Vierge
et des saints et jusqu'aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie.
par M. l'abbé Cochet,...
1865