Métiers, salaires, conditions de vie , vêtements, alimentation etc. au cours de ce passé riche de découvertes ! Top 1 des mes articles lus : le certificat d'études, l'école, les bébés Top 2 les logements et salaires Top 3 les métiers N'hésitez pas à me laisser des commentaires, je répondrais avec joie
14 Août 2011
Dans une revue scientifique de 1907
Le commerce des cheveux, avec certaines fluctuations que lui impose la Mode, est un des commerces importants d'Europe.
La France, d'après les statistiques récentes, fournit environ 20.000 kilogrammes de cheveux par an : elle en importe annuellement 25.000 environ venant d'Italie : et 8.000 à 16.000 kilogrammes venant de Chine et du Japon; le reste provient de l'Europe centrale ; le total comprend 20.000 kilogrammes de cheveux qui arrivent tout préparés, « ouvrés », pour employer le terme technique.
En France et en Italie, la récolte des cheveux sur les têtes des paysannes, principalement en ce qui concerne la Bretagne, l'Auvergne el les Pyrénées, est faite par des colporteurs, volontiers désignés sous le nom de « margoulins ».
Le « margoulin excite la convoitise de sa clientèle en déballant de village en village des cotonnades aux couleurs vives, des tabliers, des fichus, des rubans, toute une pacotille. Il fait toutes sortes de discours, de promesses, et lorsque le marché est conclu, il abat la belle chevelure le plus ras possible, avec d'énormes ciseaux. En général, il donne un peu d'argent, une « soulte » pour compléter l'achat. Lorsque la jeune fille qui a ainsi cédé sa toison la regrette, il est trop tard pour y remédier : elle a alors la seule consolation de laisser tant bien que mal repousser ses cheveux et d'engager malicieusement des compagnes plus jeunes, les années suivantes, à se faire exploiter et enlaidir de la même façon.
Quant aux fiancés de ces pauvres filles, ils ont une juste horreur du « margoulin » comme on peut le penser, et il arrive souvent que ces colporteurs spéciaux reçoivent, au moment où ils déballent leur pacotille, d'épouvantables raclées. Mais le métier est lucratif et cela ne les décourage pas.
En plus de ces cheveux qui constituent la première qualité, principalement ceux d'origine française, on utilise les démêlures récoltées parmi les ordures ménagères et qui, convenablement nettoyées et assainies, ne présentent aucun inconvénient, le cheveu étant, par sa nature même, une chose des plus résistantes à toute décomposition.
Les tondeurs de cheveux français cèdent leur marchandise à des courtiers qui la portent sur les foires de Limoges, de Gannat, en Auvergne, et de Horlaas, dans les Basses- Pyrénées : la foire de Limoges est la plus importante.
En Italie, il n'y a pas de foires aux cheveux proprement dites ;les principaux centres du commerce sont : Saluées, Gênes, Naples, et Chieti : c'est là que les « margoulins » italiens viennent apporter leur récolte et s'approvisionner de la pacotille qui servira à tenter la clientèle destinée à être tondue, car quel que soit le pays, l'appât est toujours sensiblement le même et les moyens de tentation ne diffèrent guère.
Pour ce qui concerne la valeur des cheveux, il est difficile d'établir une moyenne, car les prix varient beaucoup suivant la qualité et la couleur. Une belle chevelure blond cendré peut atteindre une valeur de plusieurs centaines de francs. Les cheveux blancs sont articulièrement chers et coûtent volontiers plusieurs milliers de francs le kilogramme. En thèse générale, le prix moyen varie entre l\0 et 60 francs le kilogramme. On a essayé de faire de la décoloration des cheveux blonds et de les transformer en cheveux blancs par un traitement à l'eau oxygénée : cela n'a pas donné grand résultat.
Le travail des cheveux occupe deux catégories de fabricants : les apprêteurs et ceux qui font les postiches, perruques, toupets, frisons, devants, bandeaux, boucles, nattes, crêpons; mèches et chignons.
Les apprêteurs trient, nettoient, apprêtent les cheveux bruts et les livrent aux artistes en postiches.
A côté des apprêteurs et des coiffeurs fabricants de postiches, il y a deux petites industries accessoires : ce sont la fabrication des tulles et filets quo les dames ajustent sur leur chevelure pour la maintenir, et l'industrie des bijoutiers et dessinateurs en cheveux. Ces derniers spécialistes exécutent de menus ornements avec des cheveux noués en tresse, en chaînes, des bracelets, des médaillons, parfois môme des boucles d'oreilles. Ils composent aussi des petits tableaux élégiaques exécutés avec les cheveux des morts et que jadis on se repassait de génération en génération. Cette coutume touchante tend à disparaître : elle est inconciliable avec les déménagements incessants des citadins, avec l'éparpillement des familles, et il n'y a rien de plus lugubre au monde comme le pauvre petit tableau en cheveux, avec ses regrets éternels et ses souvenirs tout personnels lorsqu'il est échoué, tout poussiéreux, chez le brocanteur, ne disant plus rien. à qui que ce soit, et scellé dans l'indifférence.