Sapin de Noel au dix neuvième siècle

Chaque peuple a sa manière particulière de fêter Noël. En France, les sabots et les bûches légendaires.

En Angleterre, les oies proverbiales, ces oies de Noël que Charles Dickens a illustrées comme Rabelais a célébré les rillettes de Tours.

En Allemagne, les arbres chargés de fruits et de joujoux, les sapins verts, les sapins do la Forêt-Noire qui sont aussi les sapins de l'Alsace et des Vosges.

En France l'arbre de Noël était presque inconnu avant la guerre de 1870. Ce n'est guère qu'en Berry qu'on trouvait — mais rarement — l'arbre de Nau, un fort rameau de genévrier auquel on suspendait les cadeaux.

Depuis 1871, l'Association générale d'Alsace-Lorraine a établie en grand cette fêle à Paris. Une des plus jolies fêtes fut celle qui eut lieu à l'Hippodrome en 1885. Quatre sapins brillamment ornés de jouets divers, de globes lumineux surmontés de drapeaux aux couleurs nationales dessinaient une arène réservée aux manœuvres de la Société de gymnastique Alsacienne-Lorraine. — Autour de chaque arbre un comptoir desservi par les dames patronnesses, sous la présidence de Mme Kestner ; les enfants des familles émigrées, venaient y recevoir, chacun à son tour, un lot de jouets, de vêtements, d'objets utiles.

Plus de 4 000 enfants défilèrent successivement ; et l'on peut évaluer à une somme de 50,000 francs les dons ainsi distribués.

 En France, il n'est point si petite chaumière où l'enfant ne mette le soir, avant de se coucher, son sabot au pied de l'âtre et ne s'endorme joyeux avec cette foi naïve que le petit Jésus va passer. Le sabot et la paille que l'on y met rappellent que l'enfant Jésus est né dans une étable.

Mais Noël n'est pas seulement la fête des enfants, c'était autrefois, comme nous l'avons déjà dit, la fête du solstice d'hiver, le nouvel an, et notez, en passant, qu'il est encore aujourd'hui le point de départ de l'année ecclésiastique. La fête de Noël est donc restée, dans beaucoup de
pays, la fête du Jour de l'an, et l'on y voit les pauvres aller de porte en porte quémandant des étrennes. En Bretagne on retrouve partout ce Viel usage. Les mendiants y chantent sur tous les tons :

Sommes pauvres gens, Pour nourrir nos familles

Bonnes gens, La part au bon Dieu,

Qui ne sont guère riches, S'il vous plaît, Mesdames,

Avons grand besoin d'argent La part au bon Dieu,

Bonnes gens, S'il vous plaît, Messieurs.

En Angleterre cette même tradition s est conservée, et, dans les campagnes, les pauvres paysans figurent avec des draps un cheval fantastique, et vont ainsi demander l'aumône au château. On donne aussi, le jour de Noël, une grande fête au théâtre pour les petits enfants ;

, c'est la fêle des bambini et vous voyez les enfants prêchant dans les églises.