Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog du passé

Métiers, salaires, conditions de vie , vêtements, alimentation etc. au cours de ce passé riche de découvertes ! Top 1 des mes articles lus : le certificat d'études, l'école, les bébés Top 2 les logements et salaires Top 3 les métiers N'hésitez pas à me laisser des commentaires, je répondrais avec joie

Nuisances sonores à Paris décrites en 1919

Paris silencieux ! Au moins la nuit, tel est le désir de bien des Parisiens, qui trouvent que leur ville devient de plus en plus bruyante, et manque le plus souvent de sérénité.

Pour rendre la capitale plus habitable, un de nos concitoyens, M. Diunet, professeur, fait valoir une série de faits que Emile MASSARD, Conseiller Municipal de Paris expose lors du conseil municipal de janvier 1919 :

Chemins de fer :

Les sifflets sur les chemins de fer sont encore réglés par l'ordonnance de 1846. On siffle « au départ et à l'arrivée, en traversant une gare, un passage à niveau, en entrant et en sortant d'un tunnel, d'une tranchée, en passant sur un pont, sous un pont, en croisant un autre train, etc.

J'ai compté un jour 126 coups de sifflet dans l'express d'Hirson, entre Paris et Soissons, c'est-à-dire plus de deux sifflements par minute.


Sur notre Compagnie de l'Est les express ne sifflent pas ou rarement. C'est tout le contraire sur les autres réseaux.

Les trains circulant sur le chemin de fer de Ceinture, à Paris, sont les plus discrets. Le jour ils ne donnent qu'un bref coup de sifflet, au départ ; en revanche les trains de nuit sifflent longuement deux fois en approchant des gares, et en passant sous les ponts.

Les trains du Métro et du Nord-Sud sifflent sur une note aiguë à l'arrivée et au départ. Personne ne pourrait dire pourquoi.

A Londres et New-York les trains souterrains n'ont pas de sifflet. Le signal du départ est donné par une sonnerie électrique.

Trains de marchandises :

C'est ici que l'abus est le plus criant. Tous les touristes étrangers le signalent. Aux abords des gares comme celles de Nevers, le sommeil est impossible. A Paris même, il y a de graves abus dont je me suis plaint à plusieurs reprises.

L'absurdité est double :

II est incompréhensible que dans les manoeuvres de gares, le train se serve d'un sifflet qu'on peut entendre à trois kilomètres, puisque l'homme a qui les sifflets servent de signaux est à 150 mètres au plus, une corne d'auto suffirait;

On ne comprend pas non plus pourquoi la locomotive avertit par son sifflet qu'elle a entendu le signal, puisqu'immédiatement elle exécute la manoeuvre prévue.


Sirènes et sifflets d'usines :

Au moment où les sirènes et sifflets d'usines ont été interdits par le Préfet de police (mars 
1918), environ neufs cents établissements se servaient de ces signaux, la plupart aigus et à longue portée, non seulement en banlieue, mais dans Paris. Il y en avait quatre entre la gare et le Bon Marché.

Paris est la seule capitale où il est toléré

 Il est absurde d'avertir ainsi bruyamment des ouvriers qui sont ou dans l'usine (signal de sortie), ou à la porte de l'usine (signal d'entrée).

L'usine Ballot (boulevard Brune) se servait avant le 19 mars 1918 d'un sifflet qui s'entendait 
de Versailles, elle l'a remplacé par un timbre électrique qui suffit.

L'usine des Postes, boulevard Brune (15e), n'a jamais voulu obéir, apparemment parce qu'elle appartient à l'Etat et se croit au-dessus des lois.


Pourquoi a-t-on interdit les sirènes d'autos?

Hors Paris, des endroits célèbres comme la terrasse de Saint-Germain ou le parc de Ver
sailles ou même le bois de Boulogne sont industrialisés par les usines du Pecq, Croissy, Saint-Cyr ou Levallois dont les sifflets s'entendent à chaque entrée et sortie (à Saint-Germain dès quatre heures du matin).

Bateaux :

Les gros sifflets des bateaux sont un fléau entre le Point-du Jour et le Pont-Neuf. Dans le premier endroit ils appellent un douanier qui les attend à 100 mètres ; au Pont-Neuf ils avertissent une écluse qui n'est guère plus éloignée. Leurs sifflets sont les plus bruyants et les plus prolongés de tous.

Boulevard Pereire, dès 5 heures du matin, on est réveillé par les sifflets des bateaux qui se dirigent vers Saint-Denis !

Conclusions :

La France est le seul pays où les sifflets de trains et d'usines sont tolérés ;

La suppression de ces signaux pendant plusieurs mois a montré leur complète inutilité.

L'ordonnance du 19 mars 1918 n'a jamais été appliquée complètement et dès maintenant plus de vingt usines la violent.

On peut espérer que si les bruits inutiles sont supprimés dans Paris, ils le seront peu à peu aussi dans le reste de la France. Ce sera un commencement de rénovation esthétique.

Le Touring Club, l'Office du Tourisme, les Amis de Paris, la Société de protection des paysages français, et l'Institut de France se proposent d'inviter le Préfet à faire respecter rigoureusement son ordonnance.


La Préfecture de police est invitée d'urgence :

A faire respecter ses ordonnances interdisant les sirènes des usines ;

A obtenir des compagnies de chemins de fer la suppression de sifflements abusifs et 
inutiles.

La France est le dernier pays d'Europe et peut-être du monde où les trains font ce tapage.
En Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Suisse et dans les pays Scandinaves, les trains de voyageurs ne sifflent que dans les cas exceptionnels.

La Belgique a interdit les sifflets du jour au lendemain, il y a dix ans, sans que personne ait pris leur défense. Aux Etats-Unis les locomotives, que l'on peut voir partout en France aujourd'hui, ont une cloche. Le mécanicien ne se sert du sifflet — qui est d'ailleurs profond et non aigu comme le nôtre — qu'en cas d'alarme.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article